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Le timbre et son artiste

 

 

              LE TIMBRE ET SON ARTISTE

 

Beaucoup de personnes se demandent souvent : quel intérêt a-t-on de donner tant de considération à une simple petite vignette qu’on appelle « timbre » et qui sert tout simplement et après tout à affranchir une lettre qu’on envoi à un parent ou un ami ?

 

Mais combien de personnes n’ont pas été émerveillées par la vision d’un timbre collé sur une enveloppe ? Attirées soit par ses couleurs, soit par sa forme. Cet attrait particulier a certainement un secret, des raisons justifiées. Car on ne voit pas un timbre comme on regarde une image ou une photographie sur un livre ou sur un magazine.

 

Ces photographies sont toujours grandes, des fois même géantes. On peut les admirer de très loin. Mais pour regarder un timbre on est obligé de se rapprocher, physiquement, le plus près possible pour mieux voir les dessins ou les images qui sont dessus. On est toujours surpris de trouver autant de détails précis, de couleurs chatoyantes, sur une toute petite surface de papier gommé de 3 ou 4 cm2.

 

Cette petite merveille est tout simplement l’œuvre d’un artiste : Un dessinateur, un peintre et plus rarement un photographe.

 

La belle aventure du timbre avec son artiste a commencé il y a exactement 168 ans, puisque c’est au cours du mois de mai 1840 que le timbre, tel que nous le connaissons actuellement, est né.

 

A cette époque les bureaux de poste existaient, les gens envoyaient et recevaient le courrier, mais dans des conditions assez paradoxales.

 

- Tout d’abord c’était le destinataire qui payait le port du courrier et non pas l’expéditeur comme aujourd’hui.

- Ensuite les tarifs étaient différents d’une localité à une autre. Chaque bureau de poste faisait payer les clients comme il l’entendait, donc il y avait une certaine anarchie qui a fait que la poste se retrouvait avec des centaines de lettres et de paquets non distribués, pour différentes raisons :

- Des gents refusaient de payer ;

- D’autres n’avaient pas de quoi payer;

- Ou tout simplement le destinataire à changé de domicile.

 

Conséquence : la poste faisait un déficit financier important.

(Le service était rendu mais non payé, elle ne pouvait plus faire face aux dépenses engagées pour le port du courrier, payer les employés, nourrir les chevaux etc..).

 

C’est donc en 1840, en Angleterre, que la solution adéquate et définitive a été trouvée par le receveur des postes londonien, Sir Rowland Hill qui a engagé une réforme du service postale. Il a suggéré, entre autre, de faire payer le port du courrier, à l’avance, par l’expéditeur d’une part et d’autre part de fixer le même tarif sur tout le territoire du pays pour une lettre ou un colis de même importance.

 

Et la preuve, ou la justification du paiement, était une vignette illustrée qui devait être collée sur l’enveloppe. Il a proposé en outre à ce que cette vignette soit illustrée, si possible, par une effigie d’un personnage important, faisant, peut être, allusion à une similitude avec les pièces de monnaies frappées des effigies de souverains.

 

Pour ce faire, un concours a été organisé auquel plus de 2 600 artistes ont participé. Le projet retenu était celui dessiné par l’artiste peintre William Whyon et qui représentait l’effigie de Victoria, la reine d’Angleterre de l’époque.

Et ce fut la naissance du premier timbre : le penny black, surnommé ainsi du fait que le fond est noir.

 

Depuis, tous les dessins de timbres sont confiés à des artistes peintres qui sont issus des grandes écoles des beaux arts. Mais il est arrivé aussi que des artistes autodidactes aient dessiné des timbres de haute facture.

 

Durant la colonisation, les timbres en usage en Algérie étaient, à de très rares exceptions, dessinés par des artistes français. A l’indépendance, dès les premiers mois, Algérie poste a relevé le défi en prenant en charge la production nationale de timbres algériens.

 

Le premier timbre authentiquement algérien - le 1+9 - qui symbolise la souveraineté algérienne a été dessiné, néanmoins, par un Français, du nom de Gilbert VALLEY.

Ce timbre qui a été réalisé dans des conditions très particulières, reste la pièce maîtresse de l’ensemble de la collection philatélique algérienne.

 

D’autres artistes français ont participé à la réalisation de timbres algériens. Et depuis pratiquement, 1966, tous les dessins de timbres sont réalisés exclusivement par les artistes algériens.

 

En acceptant de dessiner le timbre, l’artiste endosse une grande responsabilité. Car devant la maquette d’un timbre, l’artiste ne se comporte pas comme devant une toile sur son chevalet. Face à une toile, l’artiste va donner libre court à son imagination, extérioriser ses sentiments pour les transformer en images, leurs imprimer des couleurs, leurs donner des formes etc.

 

Il laisse, évidemment, toute la latitude à la personne qui regarde son tableau de donner ses propres impressions, en fonction de ses connaissances, de sa culture ou de ses convictions. Et ces impressions ne sont pas, forcément, toujours les mêmes que celles de l’artiste.

 

Par contre, devant une maquette de timbre, l’attitude de l’artiste est toute autre. L’artiste doit tracer le dessin d’un timbre qui reflète, INCONTESTABLEMENT, l’image réelle du sujet qu’il représente.  L’image du timbre ne doit donner l’occasion à aucune forme de discussion ou d’impressions personnelles.

 

S’il doit représenter un personnage, le portait de la personne doit être très ressemblant, les traits ne doivent en aucun prêter à confusion, dans le tracé du visage, dans le regard surtout, ou dans son attitude qui le caractérise le plus.

 

La même attention doit être portée au dessin représentant un animal, une plante, un monument ou un objet. Les proportions, les couleurs, les formes doivent être aussi en conformité avec la réalité du sujet traité.

 

C’est cette application picturale qui fait que le timbre est un document authentique. Le timbre est et restera toujours une référence documentaire, parcequ’il reflète non seulement l’image réelle du sujet, mais toutes les composantes d’une nation, en terme d’histoire, de traditions, d’identité, de culture et de civilisation.

 

Pour atteindre cet objectif, l’artiste a les moyens, ou doit se procurer les moyens nécessaires. Il se documente, il consulte les encyclopédies, étudie les documents photographiques, se déplacer sur les lieux et, si c’est nécessaire demander l’aide des spécialistes du sujet.

 

C’est plus facile pour lui de dessiner des sujets qui existent aujourd’hui ou dont il a entre les mains des documents authentiques telles que les photo. Mais c’est beaucoup plus délicat pour lui de reproduire des sujets qui ont disparus et sur lesquels il n’y a aucun document, sauf peut être des descriptions textuelles ou des témoignages plus ou moins fiables.

 

Cependant, le dessinateur de timbres n’est pas toujours enfermé dans le cadre de l’authenticité et de la réalité de l’image du sujet. Très souvent, il est sollicité pour la réalisation de maquettes de sujets immatériels. Et c’est la où il a la possibilité de mettre en application ses dons d’artistes et de s’exprimer librement, en réalisant ce que l’on appelle des allégories.

 

Les allégories sont des représentations graphiques qui vont symboliser le sujet du timbre. Donc pour passer le message, l’artiste va utiliser des symboles conventionnels de la communication, les signes, les formes, les couleurs qui vont susciter chez la personne l’impression de reconnaissance du sujet.

Bien sûr, pour peu que la personne possède une culture générale universelle qui lui permet de discerner les significations multiples d’un dessin ou d’une couleur, sachant que cette sémiologie diffère d’un pays à un autre ou d’un peuple à un autre.

 

Ex : - Une silhouette d’une personne pour représenter une femme ou un homme ;

       - la Colombe pour signifier la paix ;

       - l’emblème national pour la souveraineté ;

       - le fusil pour le combat libérateur.

       - l’épi pour l’agriculture.

       - la roue pour l’industrie etc.

 

Ces différents signes et symboles disposés d’une manière harmonieuse vont constituer les éléments graphiques du message à transmettre.

 

En ce qui concerne la technique de dessin, chaque artiste va appliquer sa propre méthode et y mettre tout son talent pour réaliser un travail satisfaisant. La miniature et l’enluminure trouve une grande place dans l’illustration du timbre ( Chez RACIM et TEMMAM, RANEM mais aussi chez bon nombre d’artistes d’aujourd’hui.

 

Cependant, dans la réalisation du timbre, on relève beaucoup plus l’utilisation du dessin que de la peinture. Ceci vient du fait que l’artiste travaille sur une petite surface (en papier) qui n’autorise pas l’étalement au pinceau de la gouache. Le travail se fait généralement au crayon et ensuite tracé à l’encre de chine et coloré au crayon de couleurs.

 

Comme on n’arrête pas le progrès, aujourd’hui beaucoup d’artistes font appel au service de l’ordinateur pour réaliser tout ou partie du dessin. Le résultat est bien entendu appréciable, bien que la main de l’artiste reste souhaitable pour la réalisation du timbre qui au demeurant est une véritable œuvre d’art qui doit ce qualificatif au talent de l’artiste.

 

Depuis l’indépendance, environs 70 artistes ont produit plus de 1200 Timbres, dont les sujets traitent pratiquement de tous les domaines économiques, sociaux et culturels.

 

Tous les artistes, quand la possibilité leur est donnée, ont abordé tous les sujets. Passant du portrait de personnage à la faune, de la flore à l’artisanat, du sport à l’architecture, en respectant, naturellement les normes de l’esthétique que leur permettent leur talent et leur savoir faire.

 

Et c’est justement ce savoir faire et ce talent incontesté de nos artistes qui font que le timbre algérien est très apprécié par les philatélistes du monde entier, en raison de la haute qualité esthétique et plastique de l’image dont l’artiste en assume toute la responsabilité, d’une part et, d’autre part en raison du choix judicieux des sujets qui font la richesse du programme philatélique Algérien proposé par l’administration postale. Algérie Poste.

 

 

Source: Conférence "le timbre et son artiste" le 10 Mai 2008 au théatre des verdures, par Norelhouda 



29/06/2008
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